mercredi 7 janvier 2015

Liberté, j'écris ton nom

7/01/2015, 12h. Les Schtroumphs et moi sommes à table et mon téléphone envoie une notification Push de BFM-TV: attentat à Charly Hebdo..


Je n'y prête pas attention...

Une deuxième, puis une troisième et d'autres notifications arrivent en très peu de temps. Cela m'interpelle. Du coup, je prends une seconde entre le riz et le yaourt du Schtroumph pour regarder vite fait de quoi il s'agit..

Là, le monde s'est arrêté de tourner autour de moi. je ne peux même pas te dire si Schtroumph a mangé son yaourt, je me suis mise en mode Zombie.

J'ai attendu que les Schtroumphs aillent jouer et j'ai allumé la télévision. Des noms qui ont bercé mon enfance;  Cabu, Charb , .., sont annoncés dans la liste des victimes.. QUOI??? Mais ce n'est pas possible.. On ne peut pas tuer des dessinateurs, on ne peut pas tuer Charlie Hebdo, on ne peut pas tuer la liberté d'expression, la liberté de la presse... Ce n'est pas possible...

J'ai passé l'après midi à alterner des sentiments comme la consternation, l'incompréhension, la colère, la peur, la tristesse.. Je me suis revue 13 ans en arrière, au 11 septembre 2001..

Et là, je me pose des questions... Quelle est ma mission, moi, enseignante? 

Le programme d'histoire de CM2 débute avec la Révolution Française , une période que j'adore enseigner, celle où l'on lit ensemble la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, où j'explique avec fierté que nos ancêtres se sont battus pour notre liberté, où l'on évoque des symboles forts de la République Française, Marianne, Liberté Egalité Fraternité, des symboles auxquels je crois, une République et une Démocratie auxquels je crois..



Ces élèves qui condamnent quelques temps plus tard dans l'année, Napoléon 1er parce qu'il a interdit les journaux qui n'étaient pas d'accord avec sa politique... "Mais il ne respecte pas la Déclaration des droits de l'Homme, là, Maitresse???"
"Non mais ne vous inquiétez pas, elle a été rétablie depuis..."

Et je vais leur dire quoi demain??? 

Je vais leur dire que ma mission est loin d'être terminée, que ces trois tireurs n'ont certainement pas écouté pendant les cours d'histoire, qu'ils sont ignorants, et que ce sont trois ignorants qui plongent une nation dans l'effroi... Que si je mets autant d'ardeur à la tâche c'est pour former les citoyens de demain, des hommes et des femmes libres et qui oseront affirmer leurs opinions, par les mots et non par la violence, des hommes et des femmes qui sauront réfléchir d'eux mêmes...

Oui, c'est ça que je vais leur dire....



Là, tout un tas de questions se bousculent dans ma tête (l'ordre est totalement aléatoire):
- peut-on oser rire de tout?
- où va le monde?
- est-on vraiment libre de sa pensée?
- Est-on vraiment libre de dénoncer?
- quelle est la fonction de journaliste si ce n'est dénoncer? (avec ou sans humour?)
- comment peut-on abattre de sang froid avec autant de préméditation?




Ils sont morts pour défendre la liberté de la presse, la liberté d'expression, ils n'ont pas voulu céder à la pression, et je crois que c'est eux qui avaient raison.. Cette phrase fait pour moi écho à une chanson de Cali et on devrait tous s'appliquer la même maxime: "mourir debout plutôt que vivre à genou".. On ne peut pas se laisser dicter notre conduite par des gens qui sont en désaccord avec notre mode de pensée..


Un des tireurs avant de prendre la fuite a crié "On a tué Charlie Hebdo!", non, vous l'avez rendu immortel... Car Nous sommes Charlie, nous allons faire vivre la liberté d'expression, nous allons nous battre pour rester unis dans cette épreuve nationale.

Ce soir, j'ai été touchée de voir tous ces rassemblements spontanés dans les différentes grandes villes de France. Touchée et émue de voir que je n'étais pas seule à être atterrée, touchée et émue de voir que les citoyens français ont eu le besoin de se réunir, de montrer leur unité..

Je ne peux pas finir ce post sans partager le poème de Paul Eluard, Liberté, qui résonne tellement aujourd'hui:



Je pense ce soir aux familles des victimes, ne soyez pas en colère contre eux (je parle des victimes) mais fiers qu'ils n'aient pas cédé à la pression, qu'ils se soient battus pour leurs idéaux, pour leur et notre liberté.

 Cet article est un peu brouillon, désolée, mais il m'était nécessaire, afin de poser tout ce que j'avais sur le coeur.. 



1 commentaire:

  1. tu as très bien résumé, c'est l'horreur dans toute sa splendeur.......liberté et éternité Charly

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